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La Cité Diaphane

de Anouck Faure | ed. Argyll
272 pages | Dark Fantasy/Gothique

4è de couv

Merveille architecturale élancée vers le ciel, Roche-Étoile a connu la splendeur et la chute. La cité sainte de la déesse sans visage est maudite, réduite à l’état de nécropole brumeuse depuis que les eaux de son lac et de ses puits se sont changées en poison mortel.

Sept ans après le drame, l’archiviste d’un royaume voisin se rend dans la cité défunte avec pour mission de reconstituer le récit de ses derniers jours. Mais il s’avère bientôt que Roche-Étoile abrite encore quelques âmes, en proie à la souffrance ou à la folie, et celles-ci ne semblent guère disposées à livrer leur témoignage.

Un jeu de dupe commence alors entre l’archiviste et ces esprits égarés, dans les dédales d’une cité où la vérité ne se dessine qu’en clair-obscur, où dénouer la toile du passé peut vite devenir un piège cruel.


Mon avis

Lire La Cité Diaphane m’a rappelé l’enthousiasme ressenti à ma découverte de Chris Vuklisevic (dans un style très différent). Quelle joie d’ajouter une nouvelle plume à ma liste d‘autrices françaises d’imaginaire à suivre.
Anouck Faure, qui est avant tout une artiste peintre fort talentueuse, nous embarque ici dans son tout premier roman : une plongée dans la cité gothique de Roche-Étoile à l’atmosphère éthérée et cauchemardesque. J’ai dévoré cette histoire d’une traite et je dois dire qu’être aussi douée dans autant de domaines, cela frise l’indécence 😂.

C’est délicat de vous parler de ce livre sans trop en dévoiler. Je trouve que, pour une fois, la 4e de couverture en dit juste ce qu’il faut. Je n’ajouterai donc rien. Le récit (sous forme de mémoires) nous conte l’arrivée à Roche-Étoile de l’archiviste des Marches et ce qu’il va découvrir des restes de cette cité autrefois grandiose et devenue l’ombre d’elle-même. Qu’est-ce qui a bien pu provoquer le mal d’onde qui pollue les eaux et ronge les corps et les âmes ? Qu’est-il advenu de l’oracle de la déesse sans visage, adulée autrefois en ces lieux ? Et de la lignée royale ? Quels épouvantables secrets hantent les profondeurs de Roche-Étoile ?
C’est en explorant la ville morte à la rencontre de sa poignée de fantômes, tous gagnés par la folie, que notre archiviste va trouver les réponses à ces questions et bien plus encore.

Dès les premiers mots, j’ai été emportée. Anouck Faure a une plume sombre et poétique qui insuffle vie et obscurité à son récit et surtout à Roche-Étoile. Même si le roman est parsemé de magnifiques gravures de l’autrice, je n’ai eu aucun souci à me projeter dans ces ruelles abandonnées ni à contempler la grandeur et la déchéance de ces tristes murs. L’autrice a un talent fou à ce niveau-là 🖤 et j’ai hâte de voir ce qu’elle va en faire. Roche-Étoile est tellement envoûtante et hors du temps que j’ai terriblement eu envie qu’on en fasse un jeu vidéo pour pouvoir la parcourir (ce qui est très drôle, car l’autrice, dans ses remerciements, évoque la série de jeux Dark Souls 😁).

Si Roche-Étoile est sans aucun doute le personnage principal et un des rares a avoir un nom, j’ai trouvé les autres protagonistes de ce huis clos tout aussi finement réalisés. Chacun est porteur d’un archétype et de sa fonction : le forgeron, le mendiant, la chevaleresse, etc. Ce qui peut sembler manquer de nuances et de profondeur (surtout comparé à la cité), mais qui fonctionne incroyablement bien avec l’aspect très mythique du récit. On est hors du temps, à la lisière entre les hommes et les démons, entre la vie et la mort. Le côté archétypal et sans nom des personnages a fait tout de suite sens et m’a énormément plu.

Là où ça se gâte un peu pour moi, c’est au niveau du rythme du récit. Je vais spoiler un petit peu donc si vous le souhaitez vous pouvez sauter au paragraphe suivant 😊. Le roman est officiellement divisé en deux parties. Perso, je considère qu’il y en a trois, toutes basées sur le même schéma qui après une montée en puissance et plein de rebondissements nous font vivre une fin qui n’en est pas vraiment une. La première fois, c’est déstabilisant. La seconde fois, c’est juste frustrant. C’est comme le reset d’une partie de jeu vidéo en fait 😆. Le processus est très intéressant en soi, mais m’a paru maladroit.
Autre point qui m’a fait tiquer, les nombreuses répétions. À partir de ce que j’appelle la seconde partie, le narrateur va être en boucle sur certaines choses. D’un côté, cela met en lumière l’obsession maladive du personnage, de l’autre cela devient progressivement lassant.
De ce fait, si le 1er tiers est un véritable bijou, les deux tiers restants (et surtout le dernier) vont pâtir, à mes yeux, de ce déséquilibre et de cette redondance. Et ce malgré une très belle descente en Enfer digne de Dantes.
Mais honnêtement, cela n’a pas été rédhibitoire surtout face à la beauté du texte. Pour un premier roman, je suis totalement soufflée 🤩.

Que dire de plus ? Anouck Faure est définitivement une autrice à découvrir et à suivre de très près. Malgré quelques maladresses, je reste bluffée par ce premier roman dont la beauté de la plume ne laisse pas indifférente et promet de très belles choses. 🖤🖤🖤


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