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L’homme qui mit fin à l’histoire

de Ken Liu | ed. Le Bélial’ | SF | Novella | 160 pages
Traduction de Pierre-Paul Durastanti

4è de couv

Futur proche. Deux scientifiques mettent au point un procédé révolutionnaire permettant de retourner dans le passé. Une seule et unique fois par période visitée, pour une seule et unique personne, et sans aucune possibilité pour l’observateur d’interférer avec l’objet de son observation. Une révolution qui promet la vérité sur les périodes les plus obscures de l’histoire humaine. Plus de mensonges. Plus de secrets d’État.

Créée en 1932 sous mandat impérial japonais, dirigée par le général Shiro Ishii, l’Unité 731 se livra à l’expérimentation humaine à grande échelle dans la province chinoise du Mandchoukouo, entre 1936 et 1945, provoquant la mort de près d’un demi-million de personnes… L’Unité 731, à peine reconnue par le gouvernement japonais en 2002, passée sous silence par les forces d’occupation américaines pendant des années, est la première cible de cette invention révolutionnaire. La vérité à tout prix. Quitte à mettre fin à l’Histoire.

Mon avis

Je ne suis pas une grande fan de Ken Liu. Je n’ai lu de lui que le recueil Les jardins de poussière et même si je lui reconnais d’excellentes idées, son style froid et clinique m’avait profondément rebuté. Cette novella qui a beaucoup fait parler d’elle quand elle est sortie (on a crié au génie de partout et à raison) me confirme dans cette 1ère impression.

L’idée est brillante et les horreurs commises par l’Unité 731 (que je ne connaissais pas mais qui ne m’étonnent pas… mon opinion du genre humain étant bien en-dessous de zéro) m’ont donné des envies de vomir. J’ai également été profondément touché par ce couple de scientifiques, lui sino-américain, elle nippo-américaine, et ce qu’ils ont traversé avec cette découverte et ce qu’ils ont voulu offrir au monde.

Au-delà de la dénonciation de l’Unité 731, l’auteur nous parle bien sûr de l’Histoire qui est toujours ré-écrite par les vainqueurs, du travail de mémoire, de la validité/fragilité des témoignages mais aussi de la nécessité de faire son deuil et d’avancer. Autant au départ, je n’étais pas très convaincue du format « documentaire » choisi par l’auteur (inspiré de l’excellente nouvelle Aimer ce que l’on voit de Ted Chiang, lisez Ted Chiang ❤️) que je trouvais très aride et froid (même pour lui), autant ça a vite pris sens avec les différents témoignages (ceux des anciens tortionnaires, des personnes qui ont voyagé dans l’histoire, mais aussi de parfaits inconnus).

Une novella brillante et bouleversante que je recommande malgré cette froideur clinique que j’associerai toujours à Ken Liu désormais. Attention tout de même, ce texte est truffé de triggers warning dignes des horreurs d’Auschwitz, mais offre de grandes réflexions sur la place que l’on donne à l’Histoire et notre travail de Mémoire.

La vérité n’a rien d’une fleur délicate et ne souffre pas du déni : elle ne meurt qu’à partir du moment où on étouffe les vraies histoires.


❄️ Cet article participe au Winter Short Stories challenge d’Au pays des cave trolls. ❄️

17 réflexions au sujet de “L’homme qui mit fin à l’histoire”

  1. Ce texte a été un énorme coup de coeur et un de mes premiers uhl. J’avais lu le regard de Liu avant celui ci et je n’avais pas été convaincue, j’y allais à reculons et depuis chaque fois ou presque que je lis une de ses nouvelles, je suis emballée :3 bref tout ça pour dire que je suis contente que tu aies aimé !

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  2. C’est vraiment une novella importante et nécessaire. Je suis bien d’accord avec ce que tu dis du côté froid qui fait sens, c’est tout à fait ça, ce n’est pas le plus palpitant à lire mais ça n’est clairement pas le but et ça ne pouvait pas être autrement pour ce texte.

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    1. Je ne l’ai pas encore lu celui-là donc je ne peux pas m’exprimer à ce sujet. Mais j’ai lu pas mal d’autres de ses nouvelles et c’est ce qui ressort à chaque fois pour moi 😅. Je reste très curieuse de sa série de romans malgré tout 😁.

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  3. C’était mon premier UHL, j’ai pris une claque monumentale.
    Rien que de repenser à ce texte et à quel point il est juste sur la question de la mémoire, j’ai encore les larmes qui me viennent aux yeux. On va dire que c’est les allergies 😅.

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