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La Monture

de Carol Emshwiller | ed. Argyll | SF | 215 pages

4è de couv

Charley est un humain, mais Charley est un animal apprivoisé.
Sur une Terre devenue leur monde d’accueil, les Hoots, des extraterrestres herbivores, ont transformé les humains en montures privilégiées. Charley, jeune garçon sélectionné pour ses mensurations et ses capacités reproductives, est destiné à devenir l’une d’entre elles ; mieux encore, il est entraîné quotidiennement car promis à un futur grand dirigeant, celui qu’il appelle Petit-Maître.
Cependant, sa rencontre avec Heron, son père libre et réfugié dans les montagnes, va chambouler son être, ses certitudes, et sa destinée.

Mon avis

Carol Emshwiller est une autrice américaine de SF que je découvre. Elle a reçu quelques « petites » distinctions comme le prix Philippe K. Dick pour cet ouvrage 😁. Et à part quelques nouvelles, c’est son 1er roman a être traduit en français. Merci donc aux éditions Argyll pour cette découverte !

Dire que cette lecture a été perturbante serait un euphémisme 😅. Dès le 1er chapitre on est dans le bain avec la seule occasion que l’on aura d’être dans la tête d’un Hoot et d’avoir sa vision des choses et surtout de sa précieuse monture (nous). Car ils nous aiment, ils nous adorent même ! Rien n’est trop beau pour nous. C’est un honneur, bien sûr, car ils sont la meilleure chose qui nous soit jamais arrivée. Vous voyez l’idée.

Après ce 1er chapitre, on bascule dans la tête de Smiley (nom humain Charley), un jeune ado/poulain choisi pour sa lignée impeccable, parfaitement endoctriné et au service de Petit-Maître, le futur dirigeant des Hoots. Smiley est très content de son sort, il adore son Petit-Maître. Donc quand son père, figure de la résistance humaine, vient l’arracher à son petit confort, notre Charley accompagné de son Petit-Maître va voir toute sa vie complètement détruite. Et ça, il n’aime pas du tout. C’est ça votre liberté ? à crever de froid et de faim dans les montagnes, à mélanger notre lignée avec n’importe qui, alors que ma stalle m’attends avec de délicieux biscuits sec et de l’eau chaude ? Ma destinée était de courir dans les arènes et d’être la meilleure monture qui soit.

Autant vous dire que c’était assez difficile à lire surtout que défaire toutes ses croyance profondément ancrées, ça va prendre du temps et que rien n’est évident ni aussi simple que eux, c’est les méchants et nous, les gentils. Car il n’est pas tout seul dans cette galère. Il y a Petit-Maître aussi et ils vont tous les deux devoir changer et grandir ensemble.
Mais c’est aussi extrêmement fascinant et enrichissant. En partant simplement de la relation dominé/dominant, l’autrice tacle tellement de sujets dans ces deux cent et quelques pages, c’est juste fou ! Non seulement elle réussit avec brio à dépeindre l’asservissement d’une population par une autre, mais elle va aussi nous parler de racisme, de féminisme, de notre rapport à la nature/animaux, de ce que l’on est prêt à sacrifier pour un minimum de confort et plein d’autres choses !

Rien dans cette lecture n’est simple ni manichéenne. Elle est faite pour déranger, pour se poser des questions et c’est absolument passionnant à défaut d’être confortable. Je salue donc encore une fois les éditions Argyll pour ce choix audacieux et bien sûr, Carol Emshwiller pour cette maîtrise :).


D’autres avis

11 réflexions au sujet de “La Monture”

  1. Plus je lis des retours et plus j’ai envie de le lire, alors que « dérangeant » n’est généralement pas mon adjectif préféré. Mais là je le sens bien. Enfin, presque : j’ai juste peur de ne pas le trouver si dérangeant que ça et de paraître bizarre, parce que j’envisage un peu trop facilement l’idée de départ. 😅

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