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Planète à louer

de YOSS | ed. Hélios & Mnémos | Recueil | Science-Fiction | 319 pages

4è de couv

Planète à louer est un roman où chaque chapitre présente un aspect différent de la société à travers des personnages emblématiques d’une situation. Dans un futur indéterminé, les hommes sont sur le point d’arriver à la guerre nucléaire totale.
Afin de sauver la planète, des espèces extraterrestres en prennent possession après avoir fait disparaître l’Afrique. Ils imposent des règles draconiennes pour rétablir l’équilibre écologique, et plus d’un siècle plus tard, la Terre est redevenue une sorte de Paradis originel. Elle a été convertie en un « monde souvenir » où les différentes espèces extraterrestres viennent faire du tourisme.
Mais derrière la belle image qui leur est proposée, les conditions de vie des Terriens sont loin d’être idylliques, surtout lorsque ceux-ci sont condamnés au « Reconditionnement corporel ».
Que l’on soit Buca, la prostituée, Moy, le métis, Jowe, l artiste, ou Romualdo Concepcion Perez, le militaire, comment survivre à la domination extraterrestre ?


Mon avis

Planète à louer est un roman mozaïque ou fix-up : une suite de nouvelles indépendantes se déroulant dans le même univers. Je n’avais rencontré ce type de structure qu’avec l’excellent Des milliards de tapis de cheveux, et Planète à louer me confirme que c’est un format qui me plait énormément. Toutes ces histoires sont liées les unes aux autres, se répondant. Un personnages à peine mentionné ou croisé dans l’une sera le « héros » de la suivante. On apprendra la suite des évènements d’une précédente nouvelle de manière complètement fortuite, en arrière plan d’une autre. Tous ces détails, ces connexions, ces échos apportent énormément de richesse à l’histoire globale. Tandis que la multiplication et la brièveté de ces one-shots permettent d’alléger un contexte très sombre.

En effet, dans un futur indéterminé, afin d’éviter un conflit nucléaire et rétablir son éco-sytème, la Terre est brutalement colonisée et mise sous cloche par des extraterrestres soucieux de lui redonner sa splendeur d’antan (sans vraiment nous demander notre avis). Bien des années plus tard, c’est chose faite et la Terre s’est transformée en destination touristique de choix et défouloir pour riches xénoïdes omnipotents. Toutes les dérives leurs sont permis, l’être humain étant dispensable à souhait. C’est là que commence notre histoire. On va y suivre plusieurs personnages haut en couleurs qui n’ont tous qu’une idée en tête : quitter la Terre par tous les moyens possibles et imaginables. Car, on peut s’en douter, il ne fait pas bon vivre pour un humain sur Terre. Les différentes trames nous dévoilent avec crudité et noirceur leur quotidien sordide et les rapports qu’ils sont en droit d’espérer de la part des différentes espèces d’extraterrestres. Oui mais voilà, la vie leur sera-t-elle plus douce dans les étoiles ?

Dès les premières pages, j’ai eu le sentiment de remonter le temps. Le fait que ce livre n’était pas disponible en ebook, que j’ai donc dû l’acheter d’occasion, me retrouvant avec un livre volé d’une bibliothèque, aux pages un peu jaunies et à l’odeur poussiéreuse de CDI, a certainement aidé. Il y a vraiment un côté suranné dans cet univers que se soit au niveau des différentes races d’extraterrestres qui m’ont rappelé mon adolescence (des blobs, des insectes, des humanoïdes bleus, etc) ou la noirceur et la mélancolie de cette humanité qui m’a furieusement fait penser à l’ambiance d’un Blade Runner (je parle du film, n’ayant pas lu le livre)… On est vraiment là dans un « monde souvenir » comme l’annonce la 4è de couverture. Ce côté madeleine de Proust m’a certainement aidé à faire face à la dureté du récit.

Yoss est un écrivain cubain qui, à travers cette Terre futuriste, dénonce la dictature cubaine et le mirage que sont les Etats-Unis. Pour ma part, j’ai préféré ne pas trop me focaliser sur le message politique afin de mieux me plonger dans l’univers décrit mais l’émotion est là. Ce n’est pas une lecture facile. Tout ce qui arrive à ces personnages, même ceux dont je présume qu’ils s’en sortent, est terriblement poignant. C’est une lecture pleine d’amertume que je ne recommande qu’à celles et ceux émotionnellement prêts à faire ce voyage. Je ne le mettrai pas dans mon top 5 mais il y a définitivement quelque chose d’unique dans ce livre qui m’a marqué et qui va me rester.

1 réflexion au sujet de “Planète à louer”

  1. J’en garde un excellent souvenir, ça avait été une très belle surprise, content que tu l’aies apprécié. C’est à la fois un très bon livre de SF et un très bon ouvrage politique. Mais c’est cool de voir que ça s’apprécie même sans trop s’intéresser à ce second aspect, ça augmente encore mon respect pour ce livre. ^^

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