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Chronique du Tueur de Roi T.1 – Le Nom du Vent

de Patrick ROTHFUSS | ed. Bragelonne | 1/3 | Fantasy | 794 pages

4è de couv

J’ai libéré des princesses. J’ai incendié la ville de Trebon. J’ai suivi des pistes au clair de lune que personne n’ose évoquer durant le jour. J’ai conversé avec des dieux, aimé des femmes et écrit des chansons qui font pleurer les ménestrels.
J’ai été exclu de l’Université à un âge où l’on est encore trop jeune pour y entrer. J’y étais allé pour apprendre la magie, celle dont on parle dans les histoires. Je voulais apprendre le nom du vent.
Mon nom est Kvothe.
Vous avez dû entendre parler de moi.

Un homme prêt à mourir raconte sa propre vie, celle du plus grand magicien de tous les temps. Son enfance dans une troupe de comédiens ambulants, ses années de misère dans une ville rongée par le crime, avant son entrée, à force de courage et d’audace, dans une prestigieuse école de magie où l’attendent de terribles dangers et de fabuleux secrets…

Découvrez l’extraordinaire destin de Kvothe : magicien de génie, voleur accompli, musicien d’exception… infâme assassin.
Découvrez la vérité qui a créé la légende.

Mon avis

Patrick Rothfuss signe ici le 1er tome d’une trilogie de Fantasy (flirtant légèrement du côté de la Dark F.) ainsi que son 1er roman. Pour la suite, le tome 2, La peur du sage, est disponible, divisé en 2 parties par Bragelonne (hum) et, histoire de patienter, on a même eu droit à un spin-off La musique du silence. Car oui, le tome 3 se fait attendre, depuis quoi…? 9 ans à peine. Bref, Rothfuss se la joue G.R.R. Martin et ça commence à user. Mais ne nous décourageons pas si vite (on y croit!) et revenons au début…

Kvothe est un barde et magicien légendaire à qui l’on attribue le pire comme le meilleur. Un héros disparu depuis de nombreuses années, à tel point qu’on se demande s’il n’a jamais existé. C’est là qu’on le rencontre, tenancier d’une auberge perdue au milieu de nulle part. C’est là que Chroniqueur, écrivain/archiviste de renom , le découvre et le persuade d’écrire SON histoire. Ainsi sur trois jours (un tome par jour), Kvothe va lever le voile sur ce qu’il lui ait vraiment arrivé.

Dans ce premier tome, nous aurons logiquement droit à ses débuts : de sa tendre enfance heureuse au sein des Edema Rhu (un peuple d’artistes nomades renommés) avec la découverte de la magie et de la musique, en passant par un début d’adolescence traumatisant dans les rues sordides de Tarbean, puis son entrée à l’Université (la prestigieuse école de magie du coin) à 15 ans à peine. C’est que Kvothe n’est pas un garçon ordinaire, il est même un sacré prodige. Ses facultés d’apprentissages sont hors-norme, ajoutées à un talent exceptionnel qui le pousseront à brûler les étapes, se faire des ennemis et pas mal de bêtises.

On est là dans du roman initiatique classique mais fichtrement bien orchestré. J’ai l’impression de ré-écrire mon article sur Terremer et le style exceptionnel de Le Guin mais… oui. Rothfuss a une capacité prodigieuse à raconter des histoires malgré un univers et un début d’histoire pas très originaux. De ces derniers, il n’y a vraiment que les Chandriants (êtres mythologiques maléfiques) qui ont retenu mon attention.
D’ailleurs, on reconnaîtra la magie des noms de Le Guin. Mais là où je reprochais à cette dernière de ne pas avoir assez développé et expliqué, Rothfuss s’en donne à coeur joie. On a une explication détaillée sur à peu près tout : le fonctionnement de la magie et ses applications concrètes, l’art, l’artisanat, etc. Je suis d’ailleurs très admirative de toutes les connaissances déployées pour expliquer en détails la plupart des aspects de cet univers. L’auteur prend clairement son temps, installe ses fondations et ça fait plaisir.

Tant que je suis à parler de concret, j’ai été très surprise par la place que prend l’argent dans ce roman. Kvothe est pauvre et un des moteurs de la plupart de ses décisions (et fausses bonnes idées) est d’arriver à financer sa vie (l’école, le dodo et le manger, ses fournitures, ses fringues, etc…). Ce côté très terre à terre (complètement cohérent avec ce que le personnage a vécu) fait écho à ce que le narrateur ne cesse de répéter : il y a les légendes et il y a la vraie vie. Si sa vie avait été une légende, il n’aurait pas perdu autant de temps à poursuivre son objectif. Et c’est vrai que j’ai plusieurs fois eu le sentiment que l’histoire se perdait inutilement dans des impasses avec pour seule cause des histoires de coeur ou d’argent. Donc, une volonté de l’auteur ou un défaut ? Je ne sais pas.

Un autre aspect que Rothfuss a d’avantages développé que Le Guin, c’est la période d’apprentissage à l’école de magie. Il est clair pour moi que JK Rowling s’est joyeusement servi de Terremer pour créer son Harry Potter. Et c’est bien ce dernier que je retrouve dans toute la partie à l’Université : le jeune prodige pauvre, l’ennemi juré de haute naissance, les copains inséparables, le professeur qui le prend en grippe, le professeur gigantesque et bourru qui le prend sous son aile, etc (qui sont eux-même une redite du Sorcier de Terremer, on est d’accord mais je ne sais pas pourquoi, j’avais plus Harry Potter en tête lors de ma lecture). La ressemblance en était parfois embarrassante. Mais Rothfuss s’en sort une fois de plus par son talent et par un personnage principal beaucoup plus intéressant qu’un Harry Potter (déso, pas déso).

Parce que oui, l’autre grande force du roman est notre héros. C’est un adolescent qui a reçu une très bonne éducation avec un code morale solide mais qui en a bavé. Du coup, il n’hésitera pas à mentir et à se servir de sa magie pour obtenir ce qu’il veut. Son côté « petit génie/je réussis tout ce que j’entreprends » peut être agaçant (et trop facile) mais est contre-balancé par toutes les merdes qui lui arrivent. Du coup rien n’est simple mais il persévère car il sait qu’il est le meilleur et c’est plutôt ça, qui m’a agacé personnellement.
Il est entouré d’une jolie brochette de personnages divertissants. Pour ne rien gâché, on y croisera également de jolies personnages féminins. Sans surprise, je n’ai pas été fan de sa « grande histoire d’amour ». Denna est indubitablement originale mais leur histoire ne m’a pas du tout convaincu (pour ne pas dire agacé car ne servant à rien). Je crains d’ailleurs pour la suite car si elle prend plus de place, je risque fort de lâcher l’affaire.

Donc pour une entrée en matière, Le Nom du Vent se défend plutôt bien, porté essentiellement par la plume de son auteur. Patrick Rothfuss est vraiment un excellent conteur qui sait faire oublier ses défauts et masquer ses ficelles. Je l’ai lu comme une gosse, émerveillée et ne boudant pas mon plaisir. Car franchement, qui n’a jamais voulu connaître le nom du vent ?


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3 réflexions au sujet de “Chronique du Tueur de Roi T.1 – Le Nom du Vent”

  1. C’est un beau roman en tout cas ! C’est vraiment dommage que Rothfuss ne parvienne pas à écrire la suite, personnellement ça m’empêche de continuer sur les deuxièmes et troisièmes tomes.

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  2. J’attends patiemment – bon, d’accord, je n’ai pas trop le choix non plus – la suite depuis 6 ans. Et pourtant j’ai encore des images de la série en tête, c’est dire la force qui s’en dégage. ^^
    C’est vraiment dommage que tout ça soit un peu « gâché » par une interminable attente. Surtout quand on sait que l’auteur a dit que tout ça ne serait peut-être qu’un prologue…
    Je ne me souviens plus : il y a déjà Auri dans ce tome ?

    Aimé par 1 personne

    1. Soyons patience et zenitude XD.
      Oui, il y a Auri ! 🥰 J’adore ce perso (pour le peu qu’on la voit). Vu qu’elle a droit à un spin-off, je me dis qu’elle sera bien plus développé par la suite et j’ai bien hâte ! 😀

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