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À la pointe de l’épée

d’Ellen Kushner | ed. ActuSF | Fantasy | 350 pages

4è de couv

Richard Saint-Vière est le meilleur duelliste des Bords-d’Eaux. Cela n’empêche pas le bretteur de se retrouver entraîné avec Alec, son amant, dans les intrigues des nobles de la Colline. L’honneur sera-t-il suffisant pour les déjouer ? Avec ses joutes d’escrime aussi bien que verbales, À la pointe de l’épée – un mélodrame de mœurs revient dans une édition augmentée de nouvelles (dont certaines inédites en français), mais aussi de textes en exclusivité mondiale : les lettres d’Octavia Saint-Vière.

Ellen Kushner est une autrice américaine qui a remporté le World Fantasy Award avec Thomas le rimeur et le Locus Award pour The Privilege of the Sword.

Une vidéo très intéressante où l’autrice présente son roman (en français !) : https://youtu.be/3AcBxRS5Xk4

Mon avis

Ellen Kushner est une romancière américaine, membre active de la communauté LGBTQ+, qui a posé la première pierre de l’univers de À la pointe de l’épée en 1987. Le roman en lui-même a déjà été traduit par le passé, mais ici, ActuSF nous propose un tour complet de la vie de Saint-Vière, de manière chronologique, avec l’ajout de plusieurs nouvelles et lettres. C’est un très beau travail éditorial qui m’a permis de découvrir le personnage et ce monde fictif de la meilleure façon possible. Un grand merci à l’éditeur pour cela !

À la pointe de l’épée est le précurseur d’une série nommée Riverside (du nom du quartier malfamé traduit ici en Bords-d’Eaux). Cette série comporte The Privilege of the Sword (sortie prévue en français cette année) et The Fall of the Kings, ainsi que plusieurs nouvelles. On peut y ajouter deux anthologies Tremontaine Season 1 et Season 2 réunissant plusieurs nouvelles de divers écrivains dans l’univers d’Ellen Kushner mais se déroulant bien avant À la pointe de l’épée. Voilà pour le tour de cet univers fascinant et très inspirant !

À noter tout de même, À la pointe de l’épée fonctionne très bien en roman unique. The Privilege of the Sword, de ce que j’en ai compris, parlera de la nièce du Duc fou de Trémontaine (donc on retrouvera des personnages clef après les évènements du premier) et The Fall of the Kings se déroule 40 ans plus tard avec de tout nouveaux protagonistes.

Ellen Kushner nous offre, avec une plume d’une rare qualité ❤️, un monde imaginaire inspiré de l’Europe du 17è/18è siècle mais sans la moindre trace de merveilleux. On est clairement dans un hommage au roman de cape et d’épée avec son lot de rebondissements, de duels, de romance et d’intrigues de cour. L’autrice nous délecte à la fois de combats enlevés à la pointe de l’épée et de joutes verbales (qui m’ont immédiatement fait penser au film Ridicule). Je me suis régalée !

Ce recueil s’ouvre sur l’enfance de Richard Saint-Vière, enfant adultérin de la noble Octavia. Cette dernière, indépendante et érudite férue de biologie, a fui sa famille afin de vivre et d’élever son enfant toute seule. Un vieux bretteur de passage découvrira le potentiel de l’enfant et l’entraînera. Cette première nouvelle pose les bases de ce qui fera Saint-Vière : son penchant pour les relations destructrices, son code moral et son amour absolu et total de l’épée. Elle m’a permis aussi de découvrir mon personnage préféré : Octavia Saint-Vière, que l’on verra beaucoup trop peu à mon goût.

De cette enfance insouciante, il se rendra, une fois adulte, cherché renommée et fortune aux Bords-d’Eaux, ce quartier malfamé qui entoure la Colline, lieu où vit, s’amuse et conspire la noblesse du coin. Dans cet univers, la caste des bretteurs fait lien entre les Bords-d’Eaux et la Colline. En effet, il est très mal vu pour les nobles de se battre eux-mêmes en duel donc les bretteurs sont un élément indispensable de cette belle et grande machine. On se bat pour un rien, pour une histoire d’honneur et parfois pour le pouvoir. C’est ainsi que notre antihéros va se retrouver mêler aux jeux politiques qu’il déteste tant.

Même si j’aurai grandement à redire sur la moralité de Saint-Vière et la fascination morbide pour la violence de son compagnon, je m’incline face à la prouesse de l’autrice de nous offrir du beau et grand spectacle. C’est donc une lecture que je recommande chaudement aux amateurs du genre. Et j’ai bien hâte d’être en mai pour retourner fouler les pavés de cette ville sans nom. ❤️⚔️😁


D’autres avis

6 réflexions au sujet de “À la pointe de l’épée”

  1. Je suis ravie que tu aies aimé 🤩 j’ai hâte de lire le roman à paraître moi aussi ! J’avais beaucoup aimé l’aspect un peu malsain et destructeur parce que l’autrice le maîtrisait très bien, ça sonnait juste dans la mise en place sans pour autant glorifier ce type de relation. C’est assez rare pour être souligné !

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  2. J’ai récemment commandé Thomas le rimmeur de l’autrice mais cet univers aussi m’intéresse maintenant. Après à voir si c’est pas trop foisonnant pour moi, mais tu le rassures déjà en disant que ce tome peut se suffire à lui-même.
    Merci pour la chronique détaillée.

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