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Piranèse

de Susanna Clarke | Bloomsbury Publishing | Fantastique | 243 pages | VO
Disponible en VF à partir du 07/10 : Piranèse, aux ed. Robert Laffont

4è de couv

Piranesi lives in the House. Perhaps he always has.

In his notebooks, day after day, he makes a clear and careful record of its wonders: the labyrinth of halls, the thousands upon thousands of statues, the tides that thunder up staircases, the clouds that move in slow procession through the upper halls. On Tuesdays and Fridays Piranesi sees his friend, the Other. At other times he brings tributes of food to the Dead. But mostly, he is alone.

Messages begin to appear, scratched out in chalk on the pavements. There is someone new in the House. But who are they and what do they want? Are they a friend or do they bring destruction and madness as the Other claims?

Lost texts must be found; secrets must be uncovered. The world that Piranesi thought he knew is becoming strange and dangerous.

The Beauty of the House is immeasurable; its Kindness infinite.


Mon avis

Susanna Clarke est de ces autrices qui écrivent peu, mais superbement bien. On lui doit le pavé qu’est Jonathan Strange & Mr Norell (que je n’ai pas encore lu) et le recueil Les Dames de Grâce Adieu que j’ai adoré. Même si Piranesi n’est pas encore disponible en français, ça ne saurait tardé. Les droits de traduction ayant été pris par Robert Laffont.

Elle nous propose ici une histoire très étrange et atmosphérique comme je les adore. L’histoire est racontée du point de vue de Piranesi qui vit tout seul dans la Maison. Cette dernière est un lieu emprunt de silence et d’éternité où le ciel et la mer se rencontrent à travers des salles qui se succèdent à l’infini, hautes, majestueuses et peuplées de statues de marbre. Piranesi vit en harmonie avec la Maison qui veille sur lui et le nourrit. Son quotidien est simple et rythmé par son exploration du lieu dont il fait un compte rendu détaillé dans ses carnets. Il n’a d’interaction qu’avec l’Autre, un homme étrange à la recherche de quelque chose que seul Piranesi semble pouvoir trouver.
Cependant, la petite vie bien huilée de notre ami va très vite être bouleversée par l’arrivée d’une troisième personne. Cette rencontre le pousse à remettre en question ce qu’il croit savoir sur la Maison, sa présence dans ce lieu et sur les motivations de l’Autre. Y aurait-il un autre monde, là, dehors ?

Ce roman bénéficie de trois grandes forces. Tout d’abord, la plume de Susanna Clarke est magnifique, sans en faire trop. Le rythme est bon et l’autrice a su quand s’arrêter. Je ne compte plus le nombre de bouquins avec une centaines de pages en trop (si ce n’est plus). Là, on a juste ce qu’il faut et ce n’est que du bonheur.
Ensuite, il y a la Maison. Vu à travers les yeux de Piranesi, elle est majestueuse, bienfaitrice et non dénuée de dangers. L’atmosphère très particulière de ce lieu est ce qui donne tout son intérêt au livre. Sa patte et sa couleur.
Et enfin, la plus importante, Piranesi. C’est un personnage extrêmement touchant auquel on s’attache très vite. Il est évident qu’il y a quelque chose qui cloche dans sa présence dans ce lieu, mais il ne semble pas le réaliser. C’est un enfant de la Maison au même titre que les statues de marbre et les oiseaux. Un Vendredi en quelque sorte. Sa vision du monde simple et bienveillante, son osmose avec ce qui l’entoure ainsi que sa candeur m’ont tout de suite conquise.

Je me permets un petit détour sur l’origine du nom de notre narrateur qui n’a pas été choisi par hasard. Giovanni Battista Piranesi est le nom d’un graveur et architecte italien, célèbre pour ses Prisons de l’Imaginaire. Ces gravures représentaient d’immenses salles vides. Marguerite Yourcenar dira à leurs propos : « monde factice, et pourtant sinistrement réel, claustrophobique, et pourtant mégalomane (qui) n’est pas sans nous rappeler celui où l’humanité moderne s’enferme chaque jour davantage… ». Elle ajoutera : « La véritable horreur des Carceri est moins dans quelques mystérieuses scènes de tourment que dans l’indifférence de ces fourmis humaines errant dans d’immenses espaces, et dont les divers groupes ne semblent presque jamais communiquer entre eux».

Je trouve cela très révélateur surtout que ce nom lui a été donné par l’Autre (je ne spoile rien, on l’apprend très rapidement). C’est donc la vision que l’Autre a de la Maison et non ce que vit Piranesi. Ce qui fera toute la différence.

Vous l’aurez compris, cette lecture est un véritable coup de coeur. J’ai adoré Piranesi, son amour de la Maison et son optimisme à toute épreuve. Et puis, ce n’est pas souvent que j’ai l’occasion de lire un tirage de Petit Lenormand effectué par des oiseaux ! 😂

Au final, je recommanderai cette lecture à tous les contemplatifs, amoureux du temps suspendu, des questionnements philosophiques et, surtout, des grands silences. 😊


D’autres avis

17 réflexions au sujet de “Piranèse”

    1. Ce qui m’a retenu de lire Strange et Norell, c’est que ça se passe durant les guerres napoléoniennes, avec cette idée de rivalité entre deux magiciens… ça ne m’a pas vendu du rêve ^^’.
      Piranesi est très différent à ce niveau-là, et surtout il est court ! 😂

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  1. Je me disais « chic alors » – quoi ? qu’est-ce qu’elles ont mes expressions ? – un livre plus court de Susanna Clarke pour enfin découvrir l’autrice – oui, je repousse depuis des années la lecture de « Jonathan Strange & Mr Norell ». Mais ça ne me parle pas vraiment en fait, j’ai peur que ça soit trop contemplatif pour moi. Fiou, pas le choix, il va vraiment falloir que je lise « Jonathan Strange & Mr Norell ».

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    1. 😂 Chic chic alors ! Et plouf! Déception. J’ai bien résumé ? 😄
      Rhalalala, c’est dommage que ça ne tente pas ! 🥺 Mais du coup, j’attends ton avis sur Strange&Norell avec (im)patience ! 😇😁

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  2. Bonjour !
    🙈 je lis pas en détail j’attends la parution en français
    Jonathan Strange & Mr Norell c’est un livre particulier mais faut pas le limiter à l’affrontement entre les deux personnages éponymes, c’est pas Le Prestige hein !
    Déjà parce que Jonathan Strange il arrive assez tard dans l’histoire et ensuite c’est pas une guéguerre d’égos où les personnages se tirent dans les pattes si c’est ce dont tu as peur. C’est plutôt deux conceptions différentes qui s’opposent mais c’est pas l’essentiel du livre. Les guerres napoléoniennes c’est pas non plus au centre du livre du tout, y a juste un passage qui en parle… et c’est vraiment très drôle 😊.
    Alors oui c’est un énorme pavé, oui il y a des notes de pages monstrueuses par endroits oui c’est un peu contemplatif, oui c’est un peu sombre par moments (cf contes anglais avec des fées amorales etc) mais c’est aussi très humour anglais (certains passages sont hilarants 😆) et très inventif.
    Y a plein de gens qui l’ont trouvé très plat et un peu déprimant je pense que ça dépend de la compatibilité aux contes sombres et à l’humour anglais, j’ai pas du tout eu le même ressenti 😅 J’aime bien le personnage de Norell aussi, le vieux monsieur bougon qui aimerait rester tranquille chez lui avec ses livres ça peut aider aussi 😅
    Y a des interviews de Susanna Clarke traduits sur Elbakin qui sont intéressants d’ailleurs

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  3. C’est un peu quitte ou double Jonathan Strange & Mr Norell : soit on l’adore soit on n’accroche pas du tout. C’est un livre d’ambiance avec une intrigue un peu lente à démarrer et c’est assez verbeux (pas le genre de livre que je tenterais en VO 😅, c’est un beau pavé en plus) C’est typiquement le genre de livre à emprunter à la bibliothèque si on est pas sûr d’accrocher. J’espère qu’il te plaira, j’aime beaucoup cette autrice et j’ai vraiment hâte que Piranesi soit traduit 🤩

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