Adulte, Lectures, Séries Terminées

La Confrérie du Sang

de John Gwynne | ed. Leha
3 tomes, terminée | Fantasy

4è de couv

Après une guerre dévastatrice ayant mené à leur extinction, les dieux ont laissé derrière eux une plaine dévastée, Vígríd. Que ce soit à l’ombre de la chaîne de montagnes constituée des os d’un ancien dieu ou dans leurs ports abrités au fond des fjords, les humains survivent aux incursions des vaesens, de terrifiants monstres vivant de l’autre côté de l’unique passe séparant leurs terres. Au milieu de conflits de pouvoir entre les différents jarls, une menace semble émerger alors que les enlèvements d’enfants se multiplient.

Après une vie tumultueuse, Orka a raccroché son épée pour élever son fils, Breca. Mais les événements qui bouleversent Vígríd vont l’amener à ressusciter son passé guerrier. De son côté, Varg, un ancien esclave à la recherche des assassins de sa soeur va croiser le chemin d’une compagnie de mercenaires, la Confrérie du Sang. Au milieu des guerriers, il va découvrir peu à peu ce qu’il n’a jamais connu dans sa vie : la chaleur de l’amitié et de la camaraderie, et peut-être sa propre humanité. Au sein d’un autre groupe de mercenaires, Elvar, qui a rejeté son héritage familial et intégré les Chiens de Guerre, craint de voir son passé ressurgir.


Mon avis

J’avais lu L’ombre des dieux (le 1er tome) en VO à sa sortie et j’avais adoré ! De l’épique inspiré de la mythologie nordique, des persos féminins forts… Le coup de coeur intégral. Et vous savez ce qu’il y a de bien (et de moins bien 😅) à relire un livre dans sa propre langue ? Déjà, on lit plus vite et en plus, on comprend mieux les petites subtilités qui étaient passées à la trappe. Par contre, on perd la jolie musicalité de l’anglais (John Gwynne, c’est nettement plus agréable en VO, voilà) et certains défauts vous sautent aux yeux.

Dans l’Edda poétique, le Ragnarök est une prophétie de fin du monde, une immense bataille qui verra s’affronter tous les dieux, les jötunn, les enfants de Loki, bref la totale ! Cette petite sauterie prendra lieu sur la plaine de Vígríd et personne n’en survivra (ou presque). John Gwynne va placer son histoire et son univers là, plusieurs siècles après le fameux Crépuscule des Dieux. Ouaip, c’est du post-apo viking en fait 😄.

On est à Vígríd, vaste territoire brisé, infesté de vaesen (sorte de monstres) où les humains ont réussi à reprendre le dessus. En tout cas, suffisamment pour avoir envie, à nouveau, de se foutre sur la gueule. Des jarls (chef de clan) très puissants se sont établis sur les ossements des anciens dieux et vas-y que ça manigance de tous les côtés.

En plein milieu de tout ça, on suit trois personnages dont les pérégrinations vont se télescoper plus ou moins violemment. Orka est une ancienne guerrière (hyper badass) qui vivait sa petite vie tranquille avec son mari et son fils jusqu’à ce que des inconscients s’en prennent à sa famille. Varg, lui, est dans la sauce. C’est un esclave qui vient de tuer son maître et qui est en fuite. Rejoindre la plus puissante compagnie de mercenaires de tout Vígríd (la fameuse Confrérie du Sang wink wink) semble être sa seule issue. Elvar, elle, a plaqué le confort de la noblesse pour obtenir gloire et fortune sur les champs de bataille. Elle fait désormais partie d’un clan de chasseurs de vaesen et de Corrompus et elle est bien décidée à prouver sa valeur. Ah oui ! J’ai oublié de vous parler des Corrompus ! Les dieux ont eu des descendants, les petits coquins. Ces Corrompus, des êtres porteurs d’une infime partie de la puissance divine dont ils sont issus, sont désormais chassés et mis en esclavage. Beaucoup se cachent parmi les humains pour survivre et quelque chose me dit qu’ils ont en gros.

Voilà ! Vous avez le début d’une super saga qui envoie du lourd, passionnante, pleine de plots twist, de scènes spectaculaires et de personnages attachants. Je le redis, car c’est suffisamment rare en Fantasy de ce genre, les persos féminins sont tops. Je n’ai pas senti une seule fois du male gaze ou du sexisme.

Je vous parlais en intro du soucis de lire en VF après la VO et bien on y est 😆. Il y a deux points que j’avais remarqués en VO, mais qui ne m’avaient pas autant gêné. L’auteur est un passionné de reconstitution historique. Du coup, il y a des tartines de descriptions où il nous explique TOUT. Et quand je dis tout, c’est TOUT ! Je vais le dire le plus gentiment possible. C’est soulant. Voilà. 😆 Je pense que les passionnés de ce genre de détails vont se régaler. Pas moi.
Un autre aspect plus gênant pour moi en VF, c’est le lexique nordique (qui, je trouve, passe beaucoup mieux en anglais en fait) avec des termes comme althing, seiðr, skáld plus tous les termes guerriers (les armes, les armures, etc) plus ceux inventés, tout ça en permanence pour certains. Il y a un glossaire à la fin pour aider, mais ça peut demander de prendre le pli. Perso, si je lis encore une fois brynja, je massacre tout le monde façon Orka. Vous êtes prévenus 😆. La même pour les termes feulement/feuler, un choix de traduction que je ne discute pas (chacun son métier ^^), mais qui m’a irrité tout le long et OMG, qu’est-ce que ça peut feuler dans cette trilogie, je n’en peux plus !

Si le 1er tome reste mon préféré de loin avec ce chouette équilibre entre scénario/mise en place de l’univers, personnages et baston, j’ai trouvé les deux suivants en deçà. Cela reste des lectures très divertissantes pour peu qu’on aime l’épique. Car, en effet, le côté combat/bataille va prendre le pas sur tout le reste (c’est bien simple, le 3è tome n’est qu’une très/trop longue bataille non-stop 😑) et, perso, c’est un aspect dont je me fiche éperdument. Les descriptions à n’en plus finir de comment Machine et Bidule ont décidé de s’entretuer, ça m’ennuie, peu importe comment c’est écrit. Du coup, le 3è tome a été malheureusement très laborieux et très répétitif (après… il n’y a pas 36 000 façons de planter sa hache dans le crâne de quelqu’un, c’est vrai, mais flemme quoi 😪). Cela dit, je savais dans quoi j’embarquais. On ne lis pas du John Gwynne si on n’aime pas la baston (le fameux « épique ») 😅. Je n’en tiens donc pas rigueur à l’auteur pour ça.

Surtout que la conclusion est satisfaisante par bien des aspects et on pardonnera beaucoup de choses à l’auteur vu la tragédie qu’il traversait durant son écriture. Malgré tout, je me dois d’aborder les autres points qui m’ont gêné 👀.
Gwynne introduit deux nouveaux points de vue dès le second tome. Il s’agit d’antagonistes. Ce qui aurait pu être hyper intéressant, car ça nous donne accès à leurs motivations et à des personnages du camp adverse (comme une certaine divinité Lokiesque). Cependant, je trouve que l’auteur n’a pas su pleinement profiter de ces personnages qui ne vont pas évoluer, ce que je trouve vraiment dommage. De manière générale, tout reste très blanc et noir avec des grands méchants et de grands gentils. Et il n’y a aucun problème avec ça. Des fois, on a juste envie de regarder Orka charcuter du monstre. Les plaisirs simples de la vie 😁. Cependant, je n’aurai pas été contre plus de nuances et de subtilités. L’arc d’Elvar (sur la fin) a un petit goût de white saviorism qui m’a fait tiquer alors que c’est un perso que j’ai appris à beaucoup aimer et qui a certainement l’évolution la plus intéressante et inspirante du lot.
De manière générale, ça me fait mal de dire ça, mais je trouve ce dernier tome expédié, avec des facilités scénaristiques déjà utilisées dans le T2. Heureusement que la fin (très satisfaisante en ce qui me concerne) rattrape tout ça !

Bon, malgré ces « quelques » points, La Confrérie du Sang reste une bonne saga divertissante (et terminée!) de Fantasy épique adulte comme on en a très peu en ce moment. Alors, si c’est votre truc, on ne boude pas son plaisir et on y va ! Hop! Hop! Hop! ⚔️

8 réflexions au sujet de “La Confrérie du Sang”

  1. J’ai aussi adoré les débuts de la saga mais j’avais marqué un peu le pas avec le tome 2, non pas à cause des descriptions ou des batailles, mais parce que je trouvais la mythologie mal ou plutôt pas suffisamment exploitée. Elle n’était qu’un prétexte à se battre et j’ai besoin de plus, même si j’aime ça chez lui.
    Je te rejoins ensuite sur les « pseudo » termes nordiques, c’est fatigant à force et en plus, de mémoire, on a ce fameux « drakkar » qui est un mot inventé par les Français au XIXe… J’aurais aimé tant qu’à faire l’éviter, car ça m’a questionné sur la véracité de tous les autres 😅

    1. C’est vrai que, je ne l’ai pas abordé parce que j’avais un peu l’impression de m’acharner dessus ^^’, mais le traitement des divinités m’a laissé sur ma faim. Avec le panthéon qu’il avait à sa disposition, j’ai été un peu déçue.

  2. Quel gros bourrin cet ours inculte quand même. 🙊 (👀)

    Belle chronique nuancée. C’est difficile de donner l’impression d’un avis positif quand on a plein de remarques plus mitigées à faire mais tu as parfaitement réussi. 👏

    Je ne sais pas trop si ça me donne envie, je me reconnais autant dans le positif que dans le négatif, mais je sais une chose : pour ne pas être déçu par le passage au français, il suffit de ne lire que la VF. 🤓

    1. Ah tant mieux si tu trouves que c’est nuancé ^^. J’avais peur d’avoir été trop négative.

      Et oui, c’est une solution :D. Je pense aussi que de les avoir lus d’affilée n’a pas aidé.

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