Sakana Sakatsuki (scénario+dessin)
T.1/? | 252 pges | Manga/SF/Slice of Life
4è de couv
303, nonchalant et énigmatique employé de la compagnie Planetarium Ghost Travel, est chargé de visiter les planètes endormies dont les habitants sont devenus des arbres de Tobias. Il rencontre au fil de ses périples les derniers humains restants, qui font face chacun à leur manière à la perte des gens qui leur étaient chers et apprennent à vivre avec leur solitude.
Mon avis
L’univers créé par la talentueuse Sakana Sakatsuki me rappelle beaucoup celui de Shin’ya Komatsu ( Souvenirs de la mer assoupie, Bâillements de l’après-midi), mais plongé dans une nuit profonde, silencieuse et froide. C’est avec Planetarium Ghost Travel, l’art de Sakana Sakatsuki (non traduit), un recueil de courtes histoires publié en 2021 qui lui rapporte un prix à la Foire du livre de jeunesse de Bologne, que la mangaka introduit pour la 1ère fois cet univers calme et d’un bleu profond où, un an plus tard, elle situera sa série. Je vous mets en lien son discours à la réception de son prix qui dit tout de ses motivations et inspirations (en anglais) .
Planetarium Ghost Travel est une balade nocturne dans les souvenirs d’un univers mourant, touché par un mal (incarné par les arbres Tobias) qui a endormi la quasi-totalité de ses différentes planètes. Voyageant à travers le cosmos, l’agent 303 est employé par une compagnie dont le but est de récolter les souvenirs et toutes traces culturelles de ces civilisations endormies. On va le suivre dans ces différentes missions et rencontres.
C’est tellement apaisant… doux et profondément mélancolique. En tout cas, à première vue, car notre cher 303 cache indéniablement quelque chose derrière son éternel sourire et il aime un peu trop les arbres Tobias auxquels il est bizarrement immunisé 👀. Mais il est clair que la mélancolie prédomine cet univers, ainsi qu’une forme profonde de fatalité. Ce qui m’a rappelé un autre manga cher à mon coeur, La Cité Saturne. Oui, je lâche du lourd ! 😆
Au fil de ce 1er tome, on rencontrera les autres membres de la compagnie Planetarium Ghost Travel, une grande famille (chacun avec son passif) qui se serre les coudes et explore sans relâche l’univers pour en préserver sa mémoire (même si c’est aussi futile que d’écrire avec un stylo d’encre-sable).
La mangaka partageait dans son interview son amour de la nuit où tout est si silencieux que l’on se croirait totalement seul au monde, avec cette idée que l’on peut trouver du réconfort dans cette solitude. C’est cela qu’incarne, selon moi, 303. Il ne sera jamais atteint par ce virus étrange et il semble avoir accepté de vivre entouré de souvenirs. Ça me donne envie de pleurer 😭.
Bref, ce manga est une petite merveille d’une tristesse douce et infinie que je recommande et dont je lirai la suite sans le moindre doute.
Effectivement tu lâches du très lourd dans tes comparaisons entre Shin’ya et la Cité Saturne, mais je vais être raisonnable et attendre de voir si la suite t’emporte tout autant car j’ai été un peu déçue par leur titre sur la Forêt dans cette collection…
« son amour de la nuit où tout est si silencieux que l’on se croirait totalement seul au monde » : tout ce que tu en dis me donne envie, je vais assurément le lire, mais si ça n’avait pas suffi cette citation aurait fait le boulot, je visualise si bien cette sensation (qui n’a rien de triste… tant que c’est de courte durée, j’imagine).