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La Ballade de Black Tom

de Victor LaValle | ed. Le Bélial’ | SF | Novella | 160 pages
Traduction de Benoît Domis

4è de couv

En cette année 1924, Charles Thomas Tester, musicien médiocre et escroc de bas étage, traîne sa longue silhouette dans les rues grouillantes de Harlem en quête de quelques dollars, de quoi manger et conserver le toit qu’il partage avec son père vieillissant. Il n’ignore rien de la magie qu’un costume ajusté comme il convient peut provoquer, de l’invisibilité qu’un étui à guitare peut générer, jusque dans les quartiers les plus huppés, ni de la malédiction gravée dans la couleur de sa peau, celle-là même qui attire invariablement le regard des Blancs et des flics qui vont avec. Tommy est un prince. Un prince de Harlem. Mais quand il livre un grimoire occulte à une sorcière recluse au cœur du Queens, il n’a aucune idée des portes qu’il entrouvre alors, ni de la monstruosité que son geste pourrait bien libérer…
Une horreur à même d’engloutir New York tout entière.


Mon avis

Victor LaValle (The Devil in Silver, The Changeling…) répond ici avec brio à la nouvelle Horreur à Red Hook de pépé Lovecraft en y apportant le point de vue d’un homme noir dans l’Amérique des années 20. Il faut savoir que dans cette nouvelle, Lovecraft s’étale beaucoup plus que d’habitude sur sa peur et son dégoût des étrangers, des femmes et hommes de couleur en particulier. (Je ne vous la recommande pas 🤢)
LaValle va rester fidèle à la structure de l’intrigue, on y retrouvera même en cours de route son narrateur, l’inspecteur Malone, mais il va déconstruire et dénoncer toutes ces peurs débiles et d’une autre époque ( 👀) notamment grâce à l’excellent personnage qu’est Charles Thomas Tester.

C’est brillant et effrayant tout à la fois. Une magnifique plongée dans ce New York cosmopolite, odorant, bruyant et truffé de racisme. L’angoisse d’un simple trajet en métro à l’inévitable et révoltante bavure policière, en passant par le complexe du white savior.

LaValle rend vraiment service à Lovecraft en donnant une vraie dynamique à l’histoire la plus mal fichu et décousu que j’ai pu lire de lui. Même lors du changement de point de vue au milieu qui nous fait passer de Tester à Malone et qui m’a pas mal désarçonné (mais que je trouve très judicieux). Même là, cela reste bien meilleur que l’original.

Un exercice brillamment exécuté dont j’ai savouré chaque moment et que je recommande chaudement.

12 réflexions au sujet de “La Ballade de Black Tom”

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