Adulte, Fantastique, Lectures, Oneshots

La Mer sans Étoiles

d’Erin MORGENSTERN | ed. Sonatine | Fantastique | 656 pages

4è de couv

 » Aucune histoire ne s’achève jamais vraiment tant qu’elle continue à être racontée. « 

Dans la bibliothèque de son université, Zachary Ezra Rawlins trouve un livre mystérieux, sans titre ni auteur. Découvrant avec stupéfaction qu’une scène de son enfance y est décrite, il décide d’en savoir davantage. C’est le début d’une quête qui le mènera à un étrange labyrinthe souterrain, sur les rives de la mer sans Étoiles. Un monde merveilleux fait de tunnels tortueux, de cités perdues et d’histoires à préserver, quel qu’en soit le prix…


Mon avis

Il y a des livres qui arrivent à pousser tous les bon boutons et cocher toutes les bonnes cases. Le genre de lecture où l’on se dit que l’auteur nous connait intimement. On a sûrement dû arpenter les mêmes chemins ensemble, sans se voir ni se reconnaître… jusqu’à maintenant. Les mots et les lieux sont familiers comme sortis de notre propre histoire. Ces livres ne sont pas que des échappatoires vers un autre monde. Non, pas cette fois.

Notre histoire ne commence pas avec Zachary Ezra Rawlins, étudiant en nouveaux médias, tombant sur un livre non répertorié dans les rayons de sa bibliothèque universitaire. Non, mais c’est là que sa vie prendra un tournant décisif (et puis c’est plus simple aussi). Car en lisant ce livre sans auteur, il tombe sur un passage très précis de son enfance que personne ne connaît à par lui. Un bout de son passé est dans le livre et pas n’importe quel bout. à partir de là, Zach s’embarque dans une quête qui le mènera très loin jusqu’au rivage de la Mer sans étoiles où les histoires prennent vie. Il croisera des êtres mythiques, des âmes égarées, une armée de chats, plein de clefs, des dangers, quelques abeilles et surtout des histoires à la pelle (sous forme d’origamis, dans des bulles de champagne, tissées dans des vêtements, etc).

La Mer sans Étoiles est un conte initiatique qui semblera bien décousu pour certains et qui risque de perdre plus d’un lecteur. Il s’agit d’un labyrinthe de fragments d’histoires poétiques et terribles qui vont peu à peu s’emboîter les unes dans les autres pour former un tout. L’histoire de Zachary est notre fil d’Ariane et il faudra bien s’accrocher pour ne pas se perdre. Je suis la 1ère à admettre que c’est sacrément tortueux. Il me faudra certainement plusieurs relectures pour pouvoir vraiment embrasser l’ensemble. Mais j’ai vraiment adoré ces bouts d’histoires qui viennent s’emmêlés dans l’histoire principale pour mieux nous perdre ou, au contraire, mieux nous guider. Je ne cache pas que la plume de l’autrice y est pour beaucoup, si poétique et évocatrice comme je les aime. Je tiens d’ailleurs à remercier la traductrice, Julie Sibony, pour son superbe travail !

Zacharie est un jeune homme auquel je me suis attachée sans aucun soucis. Fils d’une voyante de la Nouvelle Orléans, venu dans le Vermont pour sa thèse sur les jeux vidéos. Il est socialement réservé et passe son temps dans les livres. Je ne pouvais que me projeter. C’est plus difficile de vous parler des autres personnages sans vous gâcher le plaisir de les découvrir par vous-même. Il n’y en a pas un inintéressant ou mal construit. Ils sont tous pertinents et ont un rôle à jouer. Car rien n’est gratuit dans cette histoire. Elle fait partie de ces livres expérience un peu comme Délius qui demande un lâcher-prise total, mais en même temps, une attention de tout les instants. Chaque mot, chaque description, chaque nom sera primordial à la compréhension de quelque chose une centaine de pages plus loin. Si vous êtes comme moi à, parfois, lire en diagonale certaines descriptions, je ne vous le conseille pas ici. Beaucoup de choses passent par elles (et puis elles sont très belles alors pourquoi se priver ? ^^). C’est donc, par certains côtés, une lecture exigeante qui ne conviendra ni ne parlera à tout le monde.

Un autre aspect que la joueuse de jeux vidéo en moi a vraiment beaucoup appréciée, c’est d’en retrouver certaines mécaniques dans la façon dont Zachary appréhende sa quête : parler à la bonne personne pour déclencher une sous-quête, actionner des mécanismes pour ouvrir une porte, gérer son inventaire, etc. N’ayez crainte, cela n’a rien d’envahissant ni de lourd. Il s’agit juste deux-trois petits touches geek qui m’ont fait très plaisir.

Dans la même veine, une autre chose qui risque d’énerver ou tout son contraire, il y a énormément de références littéraires (plutôt SFFF donc si vous arpentez déjà ces univers, vous devriez vous en sortir sans soucis). Elles ne sont pas essentielles à la compréhension de la narration principale mais ajoutent énormément de saveurs quand on les découvre (à la manière d’un easter egg).

Vous l’aurez compris, je fais partie des totalement conquis. La Mer sans Étoiles fait partie de ces rares livres qui ont su me toucher si intimement que j’en ressors avec cette conviction qu’il n’a été écrit que pour moi. Et il va me falloir du temps pour le digérer et sûrement plusieurs relectures pour appréhender l’étendu de ce que l’autrice nous fait entrevoir. Je le conseille à tout amoureux des livres et de l’imaginaire. N’ayez pas peur de tous les tournants que l’autrice vous fera prendre, ça en vaut largement la peine.

8 réflexions au sujet de “La Mer sans Étoiles”

  1. J’étais resté sur deux avis déçus, c’est peu dire que tu viens contrebalancer cela. Je vais le mettre dans ma liste « quitte ou double » tant ça semble compliqué de savoir si on va accrocher. Tout ne me parle pas particulièrement, mais les expériences c’est toujours un peu tentant – et je sais que je n’y suis pas forcément allergique. ^^

    Aimé par 1 personne

    1. Ah c’est clairement le genre de lecture « ça passe ou ça casse » mais si ça passe, c’est une super expérience 😄. Mais comme le bouquin est quand même cher (même en epub), je suis un peu embêtée de le recommander les yeux fermés 😅. En tout cas, si tu le lis un jour, je serai très curieuse de connaître ton avis ^^.

      J’aime

    1. Tellement ! 😊
      Guy G. Kay est dans ma ligne de mire depuis plusieurs mois. J’attends le moment propice pour m’y plonger et j’hésitais entre son classique « la Tapisserie de Fionnovar » ou « Les Lions d’Al-Rassan » justement. Je pense, du coup, partir sur ce dernier ^^.

      Aimé par 1 personne

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