
de Jean-Claude Dunyach | ed. L’Atalante | Recueil | Science-Fiction | 141 pages
4è de couv
J’ai souvent parlé de magie avec Ayerdhal.
Pas la force extérieure manipulée par des thaumaturges, mais celle qui naît dans le cœur et la volonté des hommes et que j’ai voulu illustrer dans ce recueil.
Il en a donné sa propre définition dans Parleur ou les chroniques d’un rêve enclavé :
« Parleur parlait et nous suivions. Il y avait quelque chose de magique dans cette sujétion, quelque chose qui ne tenait pas seulement de ce charisme, dont Mescal me parla par la suite, et qui ne dépendait pas uniquement du parfait usage qu’il faisait de ces connaissances humaines. Aujourd’hui, je sais que cette magie s’appelle intégrité et qu’elle fonctionne par la conscience que nous en avons, car tous nous connaissons les limites de notre propre honnêteté. Nous ne savions pas au juste ce que Parleur pensait, mais nous n’avions jamais détecté le moindre décalage entre ses paroles et ses agissements. »
Mon avis
C’est avec ce recueil de nouvelles, le dernier en date de l’auteur chez L’Atalante, que je pénètre pour la première fois dans le monde de J-C Dunyach. On pourrait croire (et je l’ai cru) que j’entrais par la petite porte. Sept nouvelles, ce n’est pas le monstre que je me fais de Étoiles Mortes (qui me fait envie depuis quelque temps). Que c’est trompeur.
À peine, la première page « tournée » (epub oblige), je me suis trouvée happée dans un univers d’histoires aussi touchantes et immenses les unes des autres. Mr Dunyach sait tisser un récit et nous capturer dans sa trame avec ses personnages et leur écheveaux d’émotions.
J’ai adoré sa palette de personnages très réalistes, terre-à-terre, un peu cru parfois, qui en une tournure de phrase se retrouve face au non-ordinaire, à la frontière d’eux-même.
Chaque nouvelle est un petit bijou mais il y en a une que j’ai vraiment adoré pour des raisons purement personnelles : Le lieu où tout se croise. Elle parle d’un carrefour entre les mondes, un lieu qui m’a toujours fasciné et qui a énormément de symbolisme pour moi. En la lisant, je me suis surprise à reconnaître ce lieu ou est-ce lui qui m’a reconnu ? Dans tout les cas, l’auteur a su décrire avec justesse ce que je n’ai jamais su mettre en mots. Et rien que pour cela, je lui en suis profondément reconnaissante.
Une autre nouvelle qui m’a énormément plu aussi est Dieu, vu de l’intérieur. On y suit la découverte d’un nuage spectrale sur le départ par une jeune astrophysicienne enceinte. Est-ce Dieu qu’elle cherchait à cet endroit-là ? Est-ce sa découverte qui l’a poussé à partir ? Est-ce si grave que ça ? Ici plus que dans les autres nouvelles, on retrouve ce parallèle entre nos vies anodines, nos petits tracas et quelque chose qui nous dépasse totalement. Certains vont l’embrasser, s’y jeter corps et âme alors que d’autres le regarderont passer, en l’effleurant à peine du bout des doigts, sans (presque) aucun regret.
Au final, ce recueil me laisse quelque chose de tendre à l’intérieur et une impression douce amère au bord des yeux. Merci Mr Dunyach pour ce très beau voyage.
Voici la liste des nouvelles présentes :
- Le clin d’oeil du héron
- Perspectives de fuite
- Dieu, vu de l’intérieur
- Le lieu où tout se croise
- Projection privée
- Les ailes que j’emporte
- L’armée des souvenirs